L’homme le plus détesté de la crypto fait des aveux étonnants


Sam Bankman-Fried, le controversé fondateur de FTX, montre son vrai visage. Soupçonné de détournement de fonds, l’ennemi public numéro 1 du monde des cryptomonnaies se dévoile au grand jour dans un entretien lourd de révélations.

Depuis l’effondrement de FTX, Sam Bankman-Fried s’est retranché dans un appartement des Bahamas. Avec l’aide d’anciens employés, il contacte par téléphone des investisseurs de renommée mondiale pour négocier des financements. L’homme d’affaires américain espère toujours lever 8 milliards de dollars pour rembourser le million d’utilisateurs lésés par la chute de FTX. Jusqu’ici, la démarche n’a pas abouti.

En parallèle, Sam Bankman-Fried, souvent appelé par ses initiales SBF, a écrit un long thread énigmatique sur Twitter pour revenir sur les circonstances du fiasco. En public, le fondateur de FTX tente de défendre, tant bien que mal, son image et de justifier ses actes. Il assure notamment avoir fait plusieurs erreurs de gestion par négligence et excès de confiance.

Pour mémoire, l’entrepreneur est soupçonné d’avoir détourné les fonds des clients de FTX. Il aurait utilisé les avoirs des usagers pour financer les activités de ses entreprises, dont les opérations de trading d’Alameda Research. Cette mauvaise gestion a contribué à dissuader Binance de racheter FTX, précipitant la mort de l’exchange.

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Bas les masques

Contre toute attente, le prince déchu de la cryptomonnaie a contacté un journaliste de Vox dans la nuit du 15 novembre 2022. Très en verve, Sam Bankman-Fried a discuté avec le reporter par le biais de messages privés sur Twitter pendant plus d’une heure. Pour la première fois, l’ancien directeur de FTX se dévoile sans fard. Derrière le masque du philanthrope se cache un individu profondément cynique. Il admet d’ailleurs ouvertement que ses déclarations concernant l’éthique n’étaient qu’une façade :

« Tous ces trucs stupides que je disais… Ce n’est pas vrai, pas vraiment ».

Jusqu’ici, Sam Bankman-Fried s’est toujours présenté comme un adepte de l’altruisme efficace. Cette philosophie recommande de réaliser des donations ciblées pour améliorer le monde. Par le passé, l’entrepreneur a d’ailleurs multiplié les engagements sociaux et écologiques. Il s’est surtout engagé dans la lutte pour le bien-être animal et contre le réchauffement climatique. De plus, SBF était l’un des plus importants donateurs de la campagne électorale de Joe Biden. Le PDG de FTX a déboursé 5,2 millions de dollars pour aider le démocrate à barrer la route de Donald Trump. Ces investissements visaient uniquement à construire sa réputation de philanthrope :

« C’est sur ça que sont basées les réputations dans une certaine mesure. Je me sens mal pour ceux qui se font berner par ça », explique Sam Bankman-Fried, désabusé.

Depuis la création de FTX en 2019, Sam Bankman-Fried a plusieurs fois mis en scène son prétendu mode de vie simple et désintéressé. Des photos le montrant endormi dans un sac de couchage à son bureau ont notamment été partagées sur la toile. Il assurait également conduire une simple Toyota Corolla, une voiture à moins de 30 000 euros. Alors multimilliardaire, SBF estimait ne pas avoir besoin d’une voiture de luxe comme une Lamborghini. Tout ça n’était visiblement qu’une vaste opération de communication.

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La plus grosse erreur de Sam Bankman-Fried

Dans la foulée de ces aveux, l’ancien gourou de la crypto a dressé un portrait acerbe des régulateurs financiers, qui cherchent à encadrer l’écosystème :

« Il n’y a vraiment personne là-bas pour s’assurer que les bonnes choses se produisent et que les mauvaises choses ne se produisent pas. […] Juste de la communication. Saleté de régulateurs. Ils aggravent tout. Ils ne protègent pas les clients du tout »

Selon lui, les régulateurs ne peuvent pas agir efficacement pour protéger les gens. Ce n’est pas uniquement le cas des régulateurs du secteur financier, estime SBF. Dans « d’autres domaines qui sont réglementés », comme les médicaments et l’alimentation, les instances de régulation sont inutiles aux yeux du trentenaire. Au bout du compte, tout se résume au montant d’argent que vous détenez :

« Seuls les riches peuvent se lancer ; seuls eux peuvent gagner ou perdre ».

Enfin, Sam Bankman-Fried estime que sa plus grosse erreur n’a pas été de détourner les fonds de ses clients ou de mentir ouvertement aux investisseurs. Contre toute-attente, SBF assure que son erreur principale a été de déclarer la faillite de ses entreprises :

« La seule chose que *tout le monde* m’a dit de faire. Tout serait réglé à environ 70 % si je ne l’avais pas fait […] Si je ne l’avais pas fait, les retraits reprendraient dans un mois avec des clients entièrement remboursés, mais à la place, j’ai déposé le bilan, et les personnes en charge sont en train de tout détruire par honte ».

Notez que Sam Bankman-Fried a confirmé la véracité des échanges sur Twitter. L’ancien milliardaire précise que « les messages n’étaient pas destinés à devenir publics ». Il admet qu’une partie de la conversation était « irréfléchie ».

« Et à l’avenir, je me soucierai moins du cadre stupide, sans fonds, du “bon acteur”. Ce qui compte, c’est ce que vous faites – c’est de *réellement* faire le bien ou le mal, pas seulement de *parler* de faire le bien », déclare Sam Bankman-Fried.

FTX se distancie de son fondateur

En réaction, les nouveaux dirigeants de FTX se sont officiellement distancés de Sam Bankman-Fried. John J. Ray III, le PDG de FTX en charge de la procédure de faillite, a tenu à désolidariser l’entreprise des propos de son fondateur :

« Comme annoncé précédemment, M. Bankman-Fried a démissionné le 11 novembre de FTX, FTX US, d’Alameda Research Ltd. et de leurs filiales détenues directement et indirectement. M. Bankman-Fried n’a aucun rôle permanent chez FTX, FTX US, Alameda Research Ltd et ne parle pas en leur nom »

Avec ce communiqué, l’entreprise, dont les comptes sont actuellement sous la supervision des tribunaux américains, coupe définitivement les ponts avec l’ancien PDG.

Source : Vox.com



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